Description
Dans l’actuel contexte d’amplification des dérèglements du climat, de la biodiversité et des extrêmes météorologiques, menaçant désormais l’ensemble des vivants et la sécurité biologique de la planète et la nôtre, comment entrevoir certains horizons de pensée et d’action, permettant de gagner du temps, d’atténuer les impacts et de mieux s’adapter ?
Certes, l’exploitation illimitée des flux de matières et d’énergie, l’élargissement abyssal des écarts socio-économiques, au nom de paradoxales conceptions de croissance et de progrès, carburant à l’emballement technoscientifique - prétendue gage de toute-puissance qui n’aurait ni revers ni effets pervers, embrument et engluent trop souvent nos perspectives. Cependant, confrontés-es à l’Écocide ainsi qu’à l’Anthropocide, avons-nous d’autres choix que de tenter de penser l’ampleur et la gravité de ce qui advient ainsi que d’imaginer des stratégies collectives d’intervention?
Bien qu’un chantier interdisciplinaire et intersectoriel aussi global portant sur des types et des niveaux d’interactions et de rétroactions aussi complexes, dépasse largement le cadre d’un cours de sociologie, la gravité et l’ampleur de ces enjeux écologiques, socio-économiques, culturels et politiques impose l’urgence de solides analyses et de crédibles stratégies d’intervention. L’examen des ressorts majeurs de telles atteintes aux capacités de régénération et de résilience des êtres, des populations et des milieux de vie, exige de croiser les contributions des sciences humaines et sociales, des sciences naturelles, de celles de la santé et de l’ingénieur, autant de prismes essentiels pour appréhender les grands enjeux socio-écologiques, et prendre la pleine mesure de ce qui advient, de ce qui est en jeu et de ce qui nous met désormais en joue…
Tenter de comprendre la nature, le contexte et les modalités mêmes de production des problèmes identifiés et de leurs discours afin d’en cerner les dynamiques sociales pour en limiter les impacts s’avère en effet incontournable. Nous examinerons donc, au-delà de ce qui est généralement donné à voir, les effets de certains régimes énergétiques et de certaines orientations sociotechniques et socio-économiques, tels les agrosystèmes intensifs, sur les dépassements des limites planétaires ainsi que leurs impacts en cascades sur l’environnement et la santé.
Appuyant ce cours sur certains-es auteurs-es clés et sur de nombreux travaux, allant « Du printemps silencieux » aux « limites à la croissance » et des « limites planétaires » jusqu’à l’approche «une seule santé » (One Health), conduisant à une prise de conscience renouvelée de l’enchevêtrement des liens entre ce que nous pouvons appeler, au plan métaphorique, le corps de la planète, le corps humain, le corps de la pensée et le corps social, nous explorerons certaines pistes d’analyse et d’intervention.
Nous examinerons notamment les paysages de l’Écocide, s’inscrivant dans une approche juridique sachant lier les enjeux de responsabilité à ceux des générations futures, tout en s’ouvrant sur l’ébauche d’un droit de l’humanité et de nouveaux droits internationaux de l’environnement et de la santé. Nous évoquerons aussi les paysages de l’Anthropocide, élaboré au fil de nos travaux, pour témoigner des atteintes entrelacées à la santé des humains et de l’ensemble des vivants et des écosystèmes, au point de compromettre le renouvellement des générations et l’avenir commun, ce qui exige de nouveaux développements juridiques.
Dans un contexte où préserver les conditions d’habitabilité de la planète Terre constitue l’enjeu clé de notre époque, tenter de penser et d’intervenir sur ces questions vitales d’environnement et de santé globale à travers le double prisme et l’articulation de l’Écocide, de l’Anthropocide et de leurs outils politico-juridiques s’impose donc d’évidence.
Objectifs du cours
Objectifs principaux Ce cours vise à permettre aux étudiants-es :
· de s’initier aux grands débats environnement et société dans une perspective globale et intégrée interdisciplinaire et intersectorielle liant sciences naturelles, humaines et sociales;
· de saisir, à différentes échelles, la nature, l’ampleur et la complexité de ces enjeux et de saisir comment les divers domaines du savoir y sont liés;
· de se familiariser avec les aspects théoriques, conceptuels et méthodologiques du domaine;
· de mieux comprendre l'évolution de certains dossiers et le rôle des principaux acteurs
· d’identifier, en réponse à la crise écologique, des pistes d’atténuation et d’adaptation
· de comprendre comment la co-construction et la mobilisation des savoirs avec les milieux concernés peuvent aider à élaborer des pistes significatives de recherche et d’intervention
Objectifs spécifiques
· Identifier les bases de la crise écologique globale et tenter d’en cerner la complexité.
· Se familiariser avec la littérature scientifique et critique dans le domaine.
· Développer un esprit ouvert et critique face aux approches et stratégies proposées.
Plan global des séances de cours
Ce séminaire ouvert aux étudiants-es de maîtrise et de doctorat, comportera 3 grands volets, ponctués de séminaires, d’exposés et de conférences.
Le premier volet portera sur l’état de la planète en contexte de dépassement des limites planétaires en montrant les divers facteurs qui y sont liés.
Au retour de la semaine de lecture la séance permettra aux étudiants-es de présenter au groupe cours leur recension d’un ouvrage
Le second volet sur l’écocide, mettra en évidence les facteurs et les impacts des atteintes aux conditions de régénération des vivants ainsi que les outils juridiques développés pour les limiter.
Le troisième volet sur l’anthropocide tentera de cerner les différents aspects de cette mise à mal de l’être humain et de l’humanité, en insistant sur les questions de droit qui y sont liées.
La séance 14 s’ouvrira sur une synthèse critique sur la session et la séance 15 sera consacrée à la présentation orale des essais des étudiants-es.
Compte tenu de la composition hétérogène de ce groupe-cours, nous tenterons d’adapter certains volets aux intérêts particuliers et aux champs de recherche des étudiants-es, mis en évidence lors de la première séance. Enfin, une quinzaine de minutes supplémentaires à la fin de chacune des séances permettront de prolonger la discussion ou de prendre un rendez-vous d’encadrement plus formel
- Enseignant: Stéphanie Auger-Caron
- Enseignant: Louise Vandelac